Nous connaissons tous l’origine du nom donné à cet outil, mais saviez-vous que dans les pays francophones, on l’appelle souvent « volant » ?
Le croissant a été forgé par des générations de taillandiers utilisant les meilleurs aciers. Ce n’est pas seulement pour l’esthétique de ses courbes, mais surtout pour l’efficacité que procure la forme concave de son tranchant, particulièrement lors de la coupe dite « à la volée ». Comme pour la faux, le geste doit être précis; il faut manipuler le manche avec un mouvement sec mais contrôlé. Le tranchant coupe les branches en oscillant devant soi, en tirant vers le bas ou en poussant vers le haut, surtout lorsque l’outil est doté d’un talon.
Différents types de croissants
Il existe deux principales variantes de croissants. Le premier type est utilisé pour écheniller et élaguer des branches jusqu’à environ 2 cm de diamètre. Le dos de la lame peut être équipé d’un tranchant droit ou d’un crochet. Ce modèle était couramment utilisé dans les campagnes pour tailler et manipuler les rameaux épineux dans les buissons. Le second type est destiné à la coupe en surface des charmilles et autres haies ornementales. Pour cette tâche, le fer est plus léger et son tranchant est affûté comme un rasoir. Ces outils varient également en courbure et en dimensions, avec des ouvertures allant généralement de 20 à 28 cm. Le manche, souvent en bois léger, mesure entre 2 et 3 mètres et est solidement fixé sur une douille ouverte ou fermée.
Le croissant à l’époque des jardins à la française
Le croissant a connu son apogée à l’époque des jardins « à la française ». Lorsque les hautes palissades n’étaient plus accessibles à la cisaille, les jardiniers spécialisés dans la taille des « rideaux » utilisaient le volant classique pour des coupes nettes et rectilignes. Ce travail n’était pas sans risques : dans son « Traité élémentaire de la taille des arbres » publié en 1846, J.C. Ramey explique que cette tâche était autrefois d’une grande importance. Les ouvriers chargés de ces tâches étaient très habiles et devaient souvent travailler perchés sur des échelles. Cette activité nécessitait une grande précision des mouvements, et un long apprentissage était indispensable. En ce qui concerne la période d’exécution de ces travaux, « Quand on effectue deux coupes, la première se fait du 15 mai au 15 juin, et la seconde, du 15 juillet à fin août; lorsqu’on n’effectue qu’une coupe, elle doit être réalisée en juillet, entre les deux poussées de sève. »
Usage contemporain et perte de popularité
De nos jours, l’utilisation du croissant a nettement diminué. Plusieurs facteurs expliquent cela : la transformation des styles de jardins, l’abandon de l’exploitation des taillis et des haies en milieu rural, et l’apparition d’outils tels que l’échenilloir au 19e siècle, puis des barres de coupe et autres cisailles motorisées au 20e siècle. Malgré tout, le croissant reste un outil utile pour les jardiniers qui savent en tirer parti. Il est particulièrement efficace pour l’élagage en hauteur, la taille de buissons épineux, et le débroussaillage à distance.
En conclusion, même si cet outil ancien a perdu de son utilisation généralisée, il mérite toujours une place de choix dans nos abris de jardin. On peut le trouver dans toute bonne quincaillerie horticole.